
RÉFLEXIONS SUR LE VOYAGE
Le départ d'une grande aventure est souvent source d'une multitude de sentiments plein de contradictions. Entre appréhension et impatience, il est parfois difficile de se jeter dans l'inconnu et de faire le premier pas vers une aventure qui bouleversera votre vie.
Je me revois encore en 2017 au milieu des cartons alors que je quittais mon studio parisien pour partir traverser la Nouvelle-Zélande à pied. Perdu dans le bazar de mon déménagement, je m'étais alors questionné profondément sur mon choix :
"Qu'est-ce qui me prend de renvoyer toutes mes affaires dans un grenier chez mes parents et de partir avec le contenu d'un sac à dos ?"
L'appréhension et le doute ne me quitteraient pas jusqu'à ce que je sois assis dans l'avion.
Un sentiment tout à fait normal, mais que l'on apprend à dompter et à apprécier avec le temps.
En effet, quelques mois plus tard, j'étais quelqu'un d'entièrement nouveau, capable de s'adapter à n'importe quelle situation et de se débrouiller avec le peu que j'avais. J'étais maintenant fier de pouvoir vivre avec si peu et je me considérais comme nomade.
Même si l'on s'habitue très vite au confort de la vie sédentaire notre corps est capable de facultés d'adaptation formidables (physiques comme mentales) et l'on aurai tort de s'en priver.
Voici donc 3 raisons de se lancer les bras ouverts vers l'inconnu.
- 1 - VOUS NE RISQUEZ RIEN
Rationalisez donc votre peur de l'inconnu. Dans le monde actuel, vous ne prenez en général aucun risque à voyager vers les contrées les plus exotiques (excepté pays en guerre bien sûr), et votre seule barrière entre vous et une expérience formidable est purement psychologique. Apprenez à sortir de votre zone de confort et vous en sortirez grandis.
Lors de mon départ sur le TE ARAROA trail, j'étais effaré par le nombre de gens qui ne comprenaient pas que je parte seul et me demandant si je ne risquais rien.
Pourquoi aurai-je été plus en danger seul dans les forêts Néo-Zélandaise que dans le métro parisien ?
Il existe bien sûr des risques inhérents à la pratique de la grande randonnée et de la montagne que je n'estime pas plus handicapant que ceux encourus dans la "vie normale".
Nous ne sommes pas plus à l'abri de croiser un fou sur notre trottoir que n'importe où ailleurs dans le monde.
En ce qui concerne le voyage en solitaire vous vous rendrez vite compte que l'on ne fait jamais autant de rencontre qu'en voyageant seul. Vous serez naturellement poussé à communiquer plus facilement avec des inconnus et n'êtes pas à l'abri d'une belle rencontre. Clara et moi nous sommes d'ailleurs connus comme ça.
Je ne développerai pas plus ici mon goût pour le voyage en solo (qui pourrai bien faire l'objet d'une prochaine rubrique) mais ce mode d'aventure permet une introspection quasi méditative que nous n'avons jamais le temps de prendre dans la vie "normale".
Apprenez donc à vous connaître et à apprécier de passer du temps avec vous-même !
- 2 - CRÉEZ VOUS DES SOUVENIRS INOUBLIABLES
Il existe à mon sens bien plus de raisons de tenter une aventure que de ne rien vivre du tout. Que risquez-vous ?
Comme vu précédemment… pas grand-chose excepté de magnifiques souvenirs.
Comme mon grand-père aimait à me le rappeler, on n'emporte rien de plus sur son lit de mort que les souvenirs d'une vie. Alors profitons-en !
Mieux vaut même un échec (dont vous apprendrez beaucoup) que de ne rien vivre du tout.
Sachez accueillir l'inconnu et l'imprévu dans votre voyage, il sera le plus souvent source de très bonnes surprises.
J'ai même pour habitude de dire que les problèmes en voyage font souvent les meilleurs souvenirs. Posez-vous la question, que racontez-vous en premier à vos amis en rentrant ?
Les galères dont vous êtes fier de vous être sortis ou le banal cocktail au bord de la piscine ? (je parierai sur la première option…)
En somme que vous ayez des difficultés sur la route ou que vous ayez le voyage parfait, vous sortirez gagnant dans les deux cas.
Ce dont je suis sûr en revanche, c'est que l'on ne gagne pas sans jouer.
- 3 - AYEZ CONFIANCE ET FORCEZ VOTRE CHANCE
Mon père m'a toujours dit "la chance se provoque !", et c'est en grande partie vrai.
Effectivement, j'ai constaté que la plupart des individus considérés comme "chanceux" par les autres étaient bien souvent des gens qui s'étaient simplement donné les moyens de leurs ambitions. Ainsi à un ami qui me disait que j'étais chanceux d'avoir fait un safari photo en Afrique, je lui répondais simplement que la même année où j'avais fait ce voyage, il s'était acheté un ordinateur plus cher que le budget dudit safari.
Il n'est donc pas question ici de chance, mais simplement d'un choix. Reste que beaucoup de gens considèrent les dépenses "immatérielles" non justifiées, car, qu'on le veuille ou non, nous sommes dans un monde matérialiste. Il faut alors parfois prendre sur soi, et c'est là que la confiance entre en jeu, pour se convaincre soi-même que nous avons besoin de vivre telle ou telle aventure.
Vous n'en rapporterez la plupart du temps rien de plus que des souvenirs, mais à combien estimez-vous une vie bien remplie ?
Prouvez-vous que vous êtes capable de contribuer à votre propre chance, à votre bonheur. Et pour cela rien de mieux que d'être le héros de votre propre aventure. Une leçon qui vous servira à chaque instant.
Votre vie deviendra alors beaucoup plus limpide, car vous aborderez les difficultés non pas comme de l'injustice, mais comme un problème de plus à résoudre. Or, l'on devient très bon à résoudre les petits problèmes de la vie lorsque l'on y est confronté constamment dans un voyage aventureux. De plus, en randonnant, vous devrez faire face à des priorités absolues (se ravitailler en eau, trouver un bon emplacement de bivouac…) qui vous feront prendre conscience que les véritables besoins du corps humain sont relativement simples et faciles à gérer.
Vous verrez alors que les petits problèmes de la vie sédentaire ne sont que jeux d'enfants.