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CARNET DE VOYAGE

PYRÉNÉES - ORIENTALES

 

C'est à Banyuls que débute notre périple. Le premier jour donne tout de suite le ton. 1600m de dénivelé positif sous un soleil de plomb, en sortant de confinement qui plus est... Ce n'est pas facile. 

Nous plantons finalement la tente dans une prairie avant d'être réveillés aux alentours de minuit par la lumière des éclairs et un vent dantesque. Si l'orage reste loin de nous, le vent, lui, est bien de la partie et finit par avoir raison de notre tente après une mauvaise décision de notre part. Alors que nous prévoyons de plier bagage pour perdre de l'altitude, le vent s'engouffre dans la tente et rompt un arceau qui traverse la toile et la déchire instantanément... Nous rejoignions à la frontale l'abri le plus proche que nous atteignons à 3h du matin.

Passés ces péripéties initiales, une nouvelle tente nous a été livrée trois jours plus tard sur Amélie-les-Bains. Nous poursuivons notre parcours dans les Pyrénées Catalanes tout en prenant de la hauteur jour après jour. Le soleil tape fort, mais au moins il fait beau et chaud depuis notre mauvaise expérience de la première nuit et les paysages sont très beaux !

Nous nous attaquons ensuite au massif du Canigou où nous franchissons les 2000m d'altitude pour la première fois de la traversée. Nous passons par la crête du Barbet qui nous offre une vue splendide tout en étant bien moins fréquenté que le Canigou.

La section suivante (du refuge de Mariailles à Eyne) sera notre premier vrai coup de coeur de l'aventure. Une première journée de hauts plateaux magnifiques, puis un parcours de crêtes somptueux qui nous fera évoluer plusieurs heures au-dessus de 2500m avant d'entamer la descente sur la vallée d'Eyne.

Après un repos bien mérité dans la vallée de Font Romeu, nous nous lançons à l'assaut du Pic Carlit (point culminant des Pyrénées-Orientales - 2921m d'altitude), et qui nous offre l'un des plus beaux panoramas de la traversée. Nous entamons ensuite la longue descente sur l'Hospitalet-près-Andorre et entrons en Ariège.

ANDORRE - ARIÈGE - LUCHONNAIS

Nous débutons notre traversée de l'Ariège par une fantastique journée nous faisant passer par le Col de l'Albe pour finalement rejoindre le refuge du Rulhe. Malheureusement, les prévisions météo ne sont pas bonnes et nous décidons le lendemain de bifurquer sur le GR10 en suivant la Crête des Isards. Nous arrivons donc à Vicdessos après une grosse journée et jetons un oeil à la carte pour étudier les possibilités. Il est toujours possible de récupérer la HRP, mais la météo de la semaine est plus que mauvaise (pluie et orage tous les jours). De plus, Clara s'étant fait peur sur le Carlit, elle appréhende désormais les parties accidentées et nous décidons donc de nous ménager un peu en repartant sur le GR10 au moins jusqu'à ce que la météo se calme.

La semaine suivante est vraiment dure pour le moral. En plus de la déception de nous être détournés de notre parcours initial, la météo ne nous fait pas beaucoup de cadeaux et nous ne voyons pas grand-chose des paysages ariégeois. Nous parvenons tout de même à profiter des éclaircies du matin pour faire quelques belles photos, mais nous nous sentons un peu perdus moralement. Nous restons trempés pendant plusieurs jours sans parvenir à sécher nos affaires, et même si le terrain est moins accidenté sur le GR, les journées sont tout aussi dures car elles présentent plus de dénivelés et de kilomètres que sur la HRP.

Nous arrivons finalement à Bagnères-de-Luchon, qui représente environ la moitié du parcours. Nous y prenons deux jours de repos et sommes contents de voir que le beau temps revient. Maintenant que le soleil est là, nous cherchons le moyen le plus rapide de faire la jonction avec la HRP, mais il nous faudra attendre encore quelques jours. 

Le GR10 présente quelques très beaux points de vue, comme l'arrivée sur le lac d'Oô mais nous avons hâte de retourner sur la HRP. En effet, avec cet itinéraire provisoire, le sentier monte sur chaque col et redescend dans chaque vallée, nous présentant un nouveau "village étape" tous les soirs. Si ce principe a ses points forts, comme celui de ne pas avoir à porter plusieurs jours de nourriture, les paysages des hauts plateaux et des hauts cols nous manquent. Mais au moins, Johann a pu profiter du passage à Loudenvielle pour se racheter des chaussures puisque les siennes présentaient de sérieux signes d'usure.

Une fois arrivés à St-Lary-Soulan, nous avons enfin l'opportunité de quitter le GR10 et de faire la jonction avec la HRP en remontant la vallée de la Gela, jusqu'aux lacs de Barroude. Au bord des lacs et au pied de l'imposante muraille rocheuse qui les entoure, nous profitons pleinement du fait d'être de retour sur la HRP, deux semaines après l'avoir quitté, c'est reparti !

PARC NATIONAL

Après quelques minutes de repos aux lacs de Barroude, nous reprenons notre chemin vers l'Ouest avec une ascension à la hourquette de Héas qui nous offrira notre première vue de la Brèche de Roland et du Vignemale. Nous sommes désormais dans le parc national des Pyrénées !

Le jour suivant, nous grimpons dans le Cirque d'Estaubé qui nous permet de basculer dans le Cirque de Gavarnie par la hourquette d'Alans. La vue est magnifique ! Le ciel est bleu et les troubles des semaines passées sont vite oubliés. Après une superbe journée de rando nous descendons donc le Cirque de Gavarnie, d'abord via les plateaux d'altitude puis à travers la forêt. Lorsque nous arrivons enfin dans le village, nous sommes frappés par l'agitation des lieux. Des centaines de touristes en tongs, des enfants qui font des tours de poney, des marchands de glaces tous les vingt mètres, on dirait un village de Disneyland... Fuyons ! Nous faisons les courses au plus vite, traversons un énième parking rempli de camping-car et partons bivouaquer au refuge de la Grange de Holle sur les hauteurs du village.

Le lendemain, nous partons de bonne heure en direction du Vignemale. Nous jouons à cache-cache avec les marmottes toute la matinée et sommes aux pieds de l'ascension vers midi. Le soleil tape fort et une pause avec boisson fraîche au refuge de Baysselance ne fait pas de mal. Une fois en haut, nous profitons de la vue puis passons la hourquette d'Ossoue qui nous emmène au refuge des Oulettes de Gaube. Cette nuit-là, nous essuyons un orage mémorable. Les éclairs illuminent la tente à intervalles réguliers pendant presque une heure, nous n'en menons pas large...

Nous quittons la vallée du Vignemale par le col des Mulets puis le col d'Arratille. Nous prenons ensuite une bifurcation pour arriver au col de la Fache et passer côté espagnol. Nous retournons en France par le col d'Arremoulit avec une fantastique ambiance haute montagne !

Nous poursuivons les jours suivants en direction du Pic du Midi d'Ossau en passant par le col de Lurien puis le vallon de Saoubiste. Sur le chemin, nous faisons un arrêt de quelques heures à Fabrèges pour se ravitailler et remplacer les chaussures de Clara dont l'une des semelles se décolle dangereusement. Nous ne trouvons pas grand-chose à part des petites chaussures de rando premier prix... Nous n'avons pas le choix mais le terrain le plus rugueux est maintenant derrière nous, donc ça devrait le faire.

Passé le Pic du Midi d'Ossau, nous faisons une pause au refuge d'Ayous où il y a beaucoup trop de monde pour nous. Nous repartons vite vers le col pour rejoindre le refuge de Larry, une petite bicoque bien sympathique au milieu des moutons.

 

Les jours suivants sont malheureusement très nuageux, ce qui ne facilite pas l'orientation notamment dans le brouillard. Entre la France et l'Espagne, le mauvais temps a choisi son camp... Alors que nous devons marcher, trempés par la bruine avec bonnet et impers côté français, nous nous retrouvons quelques minutes plus tard en t-shirt et transpirant sur la crête par le soleil d'Espagne. Retour en France, on retrouve le brouillard qui nous empêche toutefois de voir les fameuses Aiguilles d'Ansabère. 

Nous retrouvons le soleil lors de notre arrivée à la Pierre St-Martin au Col des Anies. Nous y retrouverons Benoit et Jérôme, deux amis qui nous rejoignent pour terminer l'aventure avec nous.

PAYS BASQUE

C'est donc à quatre que nous continuons l'aventure. Le temps de retrouver et de briefer les garçons sur la semaine à suivre, nous débutons notre journée un plus tard que d'habitude au départ de la Pierre-Saint-Martin. Le soleil est déjà haut dans le ciel et si le début de l'étape nous fait quitter la station par la route, la seconde partie de la journée nous mène au col d'Uthu et présente déjà une bonne mise en jambes pour nos deux compères. Le soir, nous nous installons à la cabane d'Ardané au milieu des moutons. L'endroit est paisible et sympa. Nous partageons d'ailleurs la cabane avec une magnifique salamandre.

Malheureusement, l'amphibien n'est pas le seul locataire des lieux. Durant la nuit Johann se réveille en entendant un bruit de grattement provenant de son sac juste à côté de lui. En allumant la frontale, il prend une souris en flagrant délit de vandalisme mais il est déjà trop tard... Elle a creusé un trou dans une des poches de son sac pour atteindre les raisins secs (nous avions pourtant suspendu toute la nourriture excepté ce paquet qui n'était à la base, pas ouvert).

La journée du lendemain présente une des dernières grosse grimpette de la traversée. Nous rejoignons très vite la crête frontière que nous longeons toute la matinée jusqu'à l'ascension du Pic d'Orhy, dernier "2000" avant l'océan. Une sympathique mer de nuages s'offre à nous et nous profitons pleinement de ces derniers instants sur les hautes crêtes pyrénéennes... La redescente du sommet par l'ouest présente quelques parties un peu aériennes et Jérôme n'est pas très à l'aise, mais il serre les dents et passe finalement sans encombre. En perdant de l'altitude nous sommes subitement happés par les nuages et perdons le parcours à plusieurs reprises. L'étape se termine dans la forêt brumeuse si connue du Pays Basque avant de rejoindre le gîte d'Etape des Chalets d'Iraty. Nous profitons de la petite épicerie du coin pour nous faire plaisir. Ce soir, ce sera énorme plâtrée de spaghetti à la bolognaise !

Les jours suivants nous mènent au col d'Orgambidé, puis aux Aldudes, dans des ambiances très Basque entre coups de soleil et brouillard. Nous franchissons ensuite le dernier 1000m de la traversée, la Pena Alba, avant de redescendre côté Elizondo. Au moment où l'on décide de s'arrêter pour la journée, on se rend compte que toutes les auberges sont complètes. Nous continuions donc notre chemin et croisons une dame qui nous a invité à bivouaquer dans son jardin, la magie du voyage.

 

La route continue et nous passons notre dernière nuit de HRP au col de Lizuniaga. Le réveil sonne, il fait encore nuit et nous décidons de partir pour faire l'ascension de la Rhune et ainsi être au sommet pour le lever du soleil. Mission accomplie !

 

Dernière journée. Nous n'avons dormi que 3h et la fin du parcours est difficile. Il fait une chaleur accablante et lorsque nous traversons les "ventas", nous n'avons envie que d'une chose, arriver (beaucoup trop de touristes qui se ruent pour acheter clopes et alcool). Heureusement, les quelques kilomètres avant Hendaye, le point d'arrivée, sont agréables.

Nous arrivons sur la plage... Nous essayons de nous frayer un chemin entre les touristes pour mettre les pieds dans l'eau, 45 jours après notre départ... Et voilà !! On l'a fait !

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